»

Histoire de l’ Europe

La Construction de l’ Europe

L’idée européenne s’est construite progressivement à partir du XVIe siècle. Dès la Renaissance, en 1526, dans son ouvrage Des conflits européens et de la guerre turque, l’humaniste espagnol Luis Vives préconise une union des royaumes d’Europe contre les Turcs. L’Espagne est alors à son apogée et doit mener presque seule des combats contre les Turcs qui s’imposent en Méditerranée.

Les penseurs des Lumières évoquaient déjà cette idée. En 1713, suite à la guerre de Succession d’Espagne, longue et sanglante guerre paneuropéenne (1701-1713), l’abbé de Saint-Pierre évoque une union des états de l’Europe afin de supprimer les guerres dans le monde. En 1756, le philosophe Jean-Jacques Rousseau rédige les Extraits et jugements sur le projet de paix perpétuelle, d’après les écrits de Saint-Pierre et note deux idées importantes : associer les états dans leurs relations extérieures, de la même façon que les citoyens sont associés dans l’état et par l’état dans une démocratie et créer un pacte protecteur de lois internationalement reconnues, auxquelles obéiraient les états signataires du pacte. La Révolution française tenta sans grand succès d’unifier les peuples d’Europe contre les pouvoirs monarchiques. En 1795, dans son Essai sur la paix perpétuelle, Emmanuel Kant préconisaitune  fédération d’états libres » : « Ce serait là une « Fédération » de peuples, et non pas un seul et même état, l’idée d’état supposant le rapport d’un souverain au peuple, d’un supérieur à son inférieur. Or plusieurs peuples réunis en un même état ne formeraient plus qu’un seul peuple,  qui contredit la supposition, vu qu’il s’agit ici des droits réciproques des peuples, en tant qu’ils composent une multitude d’états différents qui ne doivent pas se confondre en un seul. »

En 1870, avant la Commune, les militants de l’Association internationale des travailleurs en France adressent un manifeste au peuple allemand : « tendons-nous la main, oublions les crimes militaires que les despotes nous ont fait commettre, les uns contre les autres. Proclamons : la liberté, l’égalité, la fraternité des peuples. Par notre alliance, fondons les états-Unis d’Europe. » Mais ce fut surtout en réaction aux horreurs de la guerre qu’elle s’imposa avec plus de force, particulièrement après la guerre de 1870 : Victor Hugo appelait de ses vœux la construction d’un état paneuropéen, seul garant de la paix sur le continent. Aussi ces états-Unis d’Europe devaient être également l’endroit oç les valeurs républicaines seraient respectées, afin que le monde entier s’en inspirât. (Voir dans Actes et Paroles « Paris ») « (…) Et on entendra la France crier :C’est mon tour ! Allemagne, me voilà ! Suis-je ton ennemie ? Non ! je suis ta sœur. Je t’ai tout repris, et je te rends tout, à une condition : c’est que nous ne ferons plus qu’un seul peuple, qu’une seule famille, qu’une seule république. Je vais démolir mes forteresses, tu vas démolir les tiennes. Ma vengeance, c’est la fraternité ! Plus de frontières ! Le Rhin à tous.

Soyons la même République, soyons les états-Unis d’Europe, soyons la fédération continentale, soyons la liberté européenne, soyons la paix universelle ! » Cette expression sera d’ailleurs reprise, dans les années 1920 par Aristide Briand. Un autre célèbre discours de Victor Hugo en faveur de la création d’une union du continent européen, est l’appel à l’union européenne en faveur de la Serbie pour l’aider dans sa lutte d’indépendance contre l’occupation turque. Après la Première Guerre mondiale, la France imposa à l’Allemagne vaincue dans le traité de Versailles le paiement de réparations dans des conditions jugées humiliantes par les Allemands. On peut noter cependant les initiatives de Aristide Briand auprès de la SDN, ainsi que le mouvement « pan européen », véritable laboratoire d’idée pour le futur.